Leur candeur est pour eux une source perpétuelle de déceptions, et leur besoin d’aimer une occasion d’incessantes meurtrissures, et, parce qu’ils s’aigrissent, ils ont l’air d’être nés aigris. […] On peut en effet trouver tout cela dans Vico sans le trahir ; et Ballanche, chrétien de foi, mais très enclin à l’idée de progrès, dut trouver en Vico une occasion et une autorité confusément souhaitée pour s’écarter de « l’immobile Bossuet », et s’attacher à un providentialisme sérieux, mais large et aisé, et à un christianisme sincère, mais susceptible d’évolution et de renouvellement. — Car Vico, comme Bossuet, a prétendu donner « une démonstration historique » de la Providence ; mais Vico est un Bossuet essentiellement laïque, qui semble placer la Providence au centre et au sein de l’humanité, au lieu de la placer, impérieuse, bien au-dessus d’elle ; d’où il suit que sa Providence paraît suivre l’humanité dans ses démarches plutôt que les diriger.
Il ne l’abandonne point, puisqu’il l’aimera toujours, qu’il fera pénitence pour elle, qu’elle sera présente à toutes ses pensées et à tous ses actes, que le sacrifice dont elle a été l’occasion le fera capable de tous les autres sacrifices, et que Laurence, après avoir été la pierre d’achoppement de sa sainteté, en sera l’intime aiguillon.