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2385. (1859) Critique. Portraits et caractères contemporains

Bien plus, la poésie grecque aime mieux faire d’un homme un dieu, que de faire de cet homme un objet de dégoût ; de Daphné poursuivie, elle fait un laurier ; la nymphe Écho n’est plus qu’une vaine plainte qui se cache derrière la montagne. […] Lui aussi, il fut donc décrété de conspiration ; sa tête fut criée sur les places publiques, comme un objet de prix que le Comité de salut public avait égaré ; ce fut dans ce moment de terreur générale et de proscription pour lui-même, au moment où il n’y avait plus dans le royaume ni roi, ni reine, ni le trône, ni l’autel, au moment où lui-même pouvait être dénoncé aujourd’hui et jugé, c’est-à-dire condamné demain, que le jeune proscrit se mit à écrire, dans un vieux château respecté par les démolisseurs, sous de vieux arbres que la hache n’avait pas tranchés, — plus heureux en ceci que la maison de Bourbon, — le Printemps d’un Proscrit, ce beau poème si calme, si recueilli, d’une poésie si pure et si intime, qui serait à la première place parmi les poèmes de Delille.

2386. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre II. Le théâtre. » pp. 2-96

La paix, la prospérité, le bien-être ont commencé ; les industries nouvelles et l’activité croissante ont tout d’un coup décuplé les objets de commodité et de luxe ; l’Amérique et l’Inde découvertes ont fait briller à tous les yeux des trésors et des prodiges entassés dans le lointain des mers inconnues ; l’antiquité retrouvée, les sciences ébauchées, la Réforme entreprise, les livres multipliés par l’imprimerie, les idées multipliées par les livres, ont doublé les moyens de jouir, d’imaginer et de penser.

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