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363. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre dixième. Le style, comme moyen d’expression et instrument de sympathie. »

 — Par malheur, même en acceptant ce principe, la démonstration est insuffisante ; la personne pressée de se représenter quelque chose derrière chaque mot, si vous lui parlez de noir, aura le temps de voir un nègre, un morceau de charbon, la nuit, etc. ; et pas du tout, c’est d’un cheval qu’il s’agit : elle sera donc aussi bien attrapée. […] Voici un échantillon quelconque de la première : Sur les champs gris, sur le vallon, sur le pré, Le soir tombait ; mais le grand mont, empourpré, Seul survivant au jour qui meurt, semble encore Dans cette nuit sentir passer une aurore. […] Nous rions de l’honnête Boileau qui, ayant rencontré par extraordinaire quelques vers à peu près passables sur ce métier de rimeur auquel il était si peu propre275, s’aperçoit qu’il a, par grande licence, supprimé la négation dans ce vers : La nuit à bien dormir, et le jour à rien faire. […] Peut-être en ce moment, du fond des nuits funèbres, Montant vers nous, gonflant ses vagues de ténèbres,              Et ses flots de rayons, Le muet Infini, sombre mer ignorée, Roule vers notre ciel une grande marée              De constellations ! […]         Dans la mort…         Tout s’anéantissait, La nuit elle-même avait sombré.

364. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « M. Denne-Baron. » pp. 380-388

        Glisser dans l’air à petit bruit ; C’est lui qui donne encore une voix aux Naïades, Des soupirs à Syrinx, des concerts aux Dryades,         Et de doux parfums à la Nuit. […] Souvent sur les hauteurs du Cynthe ou d’Érimanthe, Sous les abris voûtés d’une source écumante,         Il lutine Diane au bain… ………………………………………… Parfois aux antres creux, palais bizarre et sombre De la sauvage Écho, du Sommeil et de l’Ombre,         Du Lion il fuit les ardeurs ; Parfois dans un vieux chêne, aux forêts de Cybèle, Dans le calme des nuits il berce Philomèle,         Son nid, ses chants et ses malheurs.

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