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20. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1871 » pp. 180-366

Rien ne ressemble plus à ma nuit de chaque jour, depuis le bombardement, qu’à la nuit passée à bord d’un bâtiment, pendant un combat naval. […] Cette nuit, je passe une partie de la nuit à ma fenêtre, empêché de dormir par la canonnade et la fusillade autour d’Issy. […] Des groupes, tout noirs, dans la nuit sans gaz. […] On parle des menaces de la nuit. […] Intercaler là-dedans le souvenir angélique de nuits d’amour, passées à l’hôtel de Flandres, à Bruxelles, nuits semblant bercées par l’orgue de l’église mitoyenne.

21. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre ii »

Et les voici derrière une motte de terre continuellement bouleversée, au milieu de compagnons chaque jour décimés, dans un horizon morne où leurs yeux fixés nuit et jour ne voient pas flotter un drapeau, pas même se dessiner la silhouette d’un ennemi. […] Ecoutez ce cri d’un jeune protestant, le sous-lieutenant André Cornet-Auquier, qui écrit à sa famille : « Cette nuit, je suis de service dans mes tranchées. Une nuit superbe, avec de la lune. […] Des entretiens sans cesse interrompus et recommencés, plus mélancoliques chez les hommes d’un certain âge, joyeux jusqu’à la gaminerie dans les jeunes classes et chez les petits officiers, remplissent les jours et les nuits. […] A la nuit, tandis qu’on échangeait des adresses de famille par petits groupes, que des poilus, sous la tente, chantaient la Marseillaise, que d’autres reposaient, j’allai un peu rêver au clair de lune.

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