À lire son histoire, on dirait que sur ce point il y a force de chose jugée, et que le bronze de l’opinion publique ne peut être refondu et coulé dans un moule nouveau. […] Enfin, il aurait peut-être prouvé ce que nous disions tout à l’heure sur les formes diverses qu’a revêtues souvent en France une politique unitaire : c’est que, bon pour pacifier le pays, l’Édit de Nantes, qui avait rapproché deux partis sans les fondre, présentait des inconvénients et des dangers alors que, défatigués des événements qui avaient longtemps pesé sur eux, ils se retrouvaient avec leurs vieilles haines augmentées de prétentions nouvelles… Si, après un tel examen, l’écrivain qui l’aurait tenté eût condamné comme une faute radicale, une faute politique et à tout point de vue, la révocation de l’Édit de Nantes, personne, du moins parmi ceux qui ont le sentiment de la dignité de l’Histoire, ne l’eût accusé de superficialité ou de mauvaise foi.
Rémusat publie aujourd’hui un nouveau volume dont Abailard est le sujet et même le héros. Dans ce nouveau livre sur Abailard, il est vrai, ce n’est pas sur le philosophe, rigoureusement dit, qu’on ramène l’intérêt et la lumière, mais qu’importe !