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981. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXIe entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff » pp. 237-315

Son ménage était fait par une femme d’une quarantaine d’années, nommée Marthe, très dévouée et très probe, mais très maladroite, cassant la vaisselle, déchirant le linge, et ne pouvant réussir à préparer un mets dans une condition convenable. […] De plus, elle parlait, selon lui, un trop correct langage, car il avait à cet égard le même sentiment que Pouschkine, qui a dit : « Je n’aime point les lèvres roses sans sourire, ni la langue russe sans quelque faute grammaticale. » En un mot, Sophie Cirilovna était de ces femmes qu’un amant nomme des femmes séduisantes ; un mari, des êtres agaçants, et un vieux garçon, des enfants espiègles. […] Les deux amis se rendirent chez un autre voisin, qui vivait seul à la campagne avec une fille nommée Viéra. […] Près de lui était une sorte de figure patibulaire, un individu nommé Onufre Ilitch, au visage ridé et usé, au nez arqué comme le bec d’un épervier, et à l’œil inquiet. […] Arrivé au coin d’une rue, il s’arrêta, hésita un instant, puis se dirigea à grands pas vers le pont nommé Krymsky-Brod.

982. (1923) Critique et conférences (Œuvres posthumes II)

Je ne me souviens que d’un mot qu’il « eut » à propos des chiens (celui de la maison nommé Gastineau, pourquoi ? […] En voilà assez, j’espère, pour montrer toute l’inanité d’une critique qui n’a pour guide qu’un enthousiasme irréfléchi, et pour flambeau que la lumière trouble si souvent de ce qu’on nomme assez improprement l’instinct poétique. […] Et puis, Joseph de Maistre tablant toujours sur l’homme initialement mauvais et sur l’indéfectible péché originel dans son action par les grandes masses humaines, peuples et civilisations, a fait, dès le premier essai (sous le Directoire, je pense) de ce qu’on a nommé beaucoup trop emphatiquement, hélas ! […] Shakespeare, à première vue de gens de vue courte, l’antithèse de Racine, ce Shakespeare tant vilipendé de Voltaire, qui l’avait nommé de tous les noms, « sauvage ivre », « ignorant », etc. […] Je ne nomme pas au hasard, soyez-en sûrs, car si je voulais être interminable, je le serais, tant sont nombreux les jeunes poètes en ces jours d’ambiant matérialisme, un peu exagéré peut-être pourtant ?

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