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27. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Le Poème des champs, par M. Calemard de Lafayette (suite et fin) »

Se peut-il qu’elle soit nommée ou désignée dans un Poème des Champs autrement que pour y être saluée ! […] Que d’autres plus longtemps fassent mieux s’il leur plaît, D’autres n’auront point fait un plus noble service ; Tout petit, mon Fernand la nommait sa nourrice ; Et maintes fois, vraiment, la Blanche mérita Ce titre qui la fit chérir et lui resta. […] C. de Lafayette ne s’attribue en rien cette supériorité dont il ne peut s’empêcher cependant d’avoir conscience, et il n’en fait pas honneur à son propre talent ; il aime à la rapporter à des maîtres, à des devanciers qu’il nomme et que parfois même il exagère un peu (nous avons le droit de le remarquer). […] Ce n’est pas tant d’avoir évité de nommer les oiseaux qu’il décrit, d’avoir dit : L’oiseau sur qui Junon sema les yeux d’Argus, pour le paon, ou L’aquatique animal, sauveur du Capitole, pour l’oie ; ce n’est pas tant de n’avoir osé nommer la cage que comme un toit d’osier où pénètre le jour , et de ne s’être point résigné à appeler un chat un chat, mais L’animal traître et doux, des souris destructeur ; ce n’est pas tant de ces travers de détail et de tous ces méfaits de fausse élégance que je le blâme ; c’est surtout d’avoir mal observé et connu son sujet. […] Mais il est de ces fragments, de ces accidents heureux d’art et d’étude, qui, n’ayant rien à démêler avec les œuvres triomphales, n’en existent pas moins sous le soleil : — un rien, un rêve, une histoire de cœur et d’amour, une vue de nature, une promenade près de la mare où se baignent des canards et qu’illumine un rayon charmant, — et ce que je voyais l’autre jour encore à l’exposition du boulevard des Italiens, une vue de Blanchisserie hollandaise, par Ruisdaël, le Moulin d’Hobbema, ou un simple chemin de campagne regardé et rendu à une certaine heure du soir par un pauvre diable de paysagiste français nommé Michel, qui avait le sentiment et l’amour des choses simples.

28. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Émile Augier, Louis Bouilhet, Reboul »

Dernièrement nommé à l’Académie, Augier est entré là comme il est entré au théâtre, comme il est entré dans la faveur de l’opinion. […] Nous avons signalé plus d’une fois cette tendance qui est partout maintenant, dans les arts, la philosophie, la littérature, et que nous avons nommée le bourgeoisisme. […] Son livre doit être signalé d’autant plus aux jugements de la Critique, qu’il est d’un bon exemple qu’on sache, au moment où Augier vient d’être nommé à l’Académie, ce que la langue française doit à un pareil poète. […] On y cherche en vain l’homme spontané et fruste qu’on y voudrait, « ce génie dans l’obscurité », comme l’avait nommé un peu trop vite Lamartine.

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