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706. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Les Césars »

Républiques d’espèces différentes, mais républiques (les noms sont quelquefois des choses !) […] Lorsqu’on est un homme de réalité supérieure comme Franz de Champagny, c’est trop superficiel, en vérité, que d’expliquer l’avènement de l’Empire et sa durée par les seules questions morales, par la vertu oblitérée des républiques, par une terreur à la Robespierre et une idolâtrie épouvantée du nom de César, — de ce nom devenu, grâce à celui qui le porta le premier, une tête de Méduse d’adoration et de crainte ! […] Il a bien senti qu’il n’y pouvait y avoir d’organisation efficace et forte sans l’esprit de suite, sans le lien qui unit, dans leurs tendances et leurs aspirations, la génération qui vit à celle qui l’a précédée et à celle qui va la suivre, et que, là où le père de famille ne laisse point à son fils d’exemple à imiter et de nom à grandir, l’organisation politique, à proprement parler, n’existe pas.

707. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Jacques Cœur et Charles VII »

L’Histoire a noyé les petitesses et les viletés de l’âme du « Bien-Servi » dans la plus grande gloire qu’elle puisse allumer sur un nom, — la gloire d’avoir sauvé la nationalité d’un peuple ! […] Homme à destinée complète, peut-être aurait-il attaché, s’il avait vécu, un éclat de plus, la gloire militaire, à son nom ; mais il mourut à Chio, et, à ce qu’il paraît, des suites d’une blessure reçue dans un combat de mer resté obscur. […] … Selon nous, la Critique ne saurait trop encourager les œuvres pareilles, au nom même de tous les intérêts de l’Histoire. […] Il faut bien l’avouer, malgré la séduction des plus grands noms et la majesté de quelques grandes œuvres, l’histoire générale atteste surtout la force de l’esprit qui l’aborde avec supériorité.

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