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37. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIVe entretien. Littérature politique. Machiavel (3e partie) » pp. 415-477

Iront-ils perdre leur nom monumental et les noms de leurs grands citoyens nés de la gloire et de la liberté, poètes, historiens, artistes, hommes d’État, par lesquels l’Italie vit tout entière dans la bouche de l’étranger, les noms de Dante, de Machiavel, de Boccace, de Michel-Ange, des Capponi, des Pazzi, des Médicis, de Léopold le novateur couronné, le précurseur de Turgot et de 89 ? Iront-ils perdre volontairement ces noms ou ce nom collectif de leur patrie dans le nom féodal des chefs militaires d’une chaîne des Alpes ? Ferez-vous jamais des sujets piémontais avec ces Romains qui de toutes leurs grandeurs n’en ont conservé qu’une, leur nom ? […] Mais la pensée du Piémont est courte ; la pensée de l’Angleterre mériterait de porter un nom plus pervers ; les souvenirs immortels de chaque glorieuse nationalité de l’Italie se soulèveront contre ces annexions qui les confisquent ; ces nationalités ne consentiront pas longtemps à perdre leurs noms, leur histoire, leurs monuments dans le nom et dans les camps de Turin. […] Votre nom est trop beau, n’en changez pas !

38. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIe entretien. La passion désintéressée du beau dans la littérature et dans l’art. Phidias, par Louis de Ronchaud (1re partie) » pp. 177-240

Voltaire a dit d’eux : « Et dans cette Comté, franche aujourd’hui de nom, on peut ajouter plus franche encore de cœur. […] On demande son nom au premier batelier qui passe et qui rattache son petit bateau de pêche à un tronc de saule pour verser son filet frétillant de truites sur le sable. — C’est la rivière d’Ain, vous dit-il avec un air de fierté locale, la rivière qui descend de Saint-Claude et qui donne son nom à toutes ces plaines. […] C’est ainsi que je connus son nom, son talent et sa personne, et qu’à première vue je devins, à son insu, son ami. […] Pèlerin de la gloire, il ne veut faire adorer que son nom. […] C’est un même nom : ceux qui aiment ; ceux qui aiment sans intérêt ce qui mérite le plus d’être aimé ici-bas, le bien, le beau, la vertu, le génie, le rayon divin transperçant à travers toutes choses humaines, âme ou marbre !

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