il est le premier à les avertir qu’ils font fausse route, s’ils n’y prennent garde ; que ce qui a été d’abord un noble essor et une entreprise généreuse de quelques-uns, devient une fureur d’imitation pour la foule des écoliers ; que la race en pullule ; que tout devient vite une mode en France, et que cette manie singeresse se donne surtout carrière dans les choses qui concernent l’esprit. […] Pasquier, qui nous transmet cette noble tradition, ajoute : « Je crois que cette histoire est très vraie, parce que je la souhaite telle… et qu’elle soit empreinte au cœur de toute cour souveraine. » Tels étaient les grands exemples dont on se nourrissait en ce temps-là au Palais, et qui étaient, a dit excellemment M.
L’admiration, quand elle s’applique à des sujets si nobles, si parfaitement innocents et si désintéressés, est vraiment une étincelle du feu sacré : elle fait entreprendre des recherches qu’un zèle plus froid aurait vite laissées et qui aboutissent quelquefois à des résultats réels. […] Et il continue de les montrer travaillant jusqu’à l’extrémité, même dans leur douleur, même dans leurs maladies, jusqu’au moment où la force leur manque : « Celui-là qui fouit mon jardin, il a ce matin enterré son père ou son fils… ils ne s’alitent que pour mourir. » Tout ce chapitre est beau, touchant, approprié, se sentant à la fois d’une noble élévation stoïque, et de cette nature débonnaire et populaire de laquelle Montaigne se disait à bon droit issu et formé.