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863. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre I. Renaissance et Réforme avant 1535 — Chapitre II. Clément Marot »

En 1500 paraissent à Paris les Adages d’Érasme ; c’est toute la lumière de l’antiquité qui se répand à flots sur le monde : dans ce petit livre est ramassée la quintessence de la sagesse ancienne, la fleur de la raison d’Athènes et de Rome, tout ce que la pensée humaine suivant sa droite et naturelle voie peut trouver de meilleur et de plus substantiel, avec cette forme exquise et simple qui s’était perdue depuis tant de siècles. […] Il était naturel que ces gens qui’s’étaient faits eux-mêmes, eussent foi en leur esprit, dans la raison humaine qui, en eux, soutenue par la volonté, réglée par la méthode, avait été à la science à travers tous les obstacles. […] Il était naturel que sa prose fût de meilleure qualité que ses vers : quand il s’agissait de conter et de causer, cette intelligente femme n’avait pas besoin d’être écrivain pour écrire excellemment. […] Tout le monde connaît cette grâce malicieuse, cette très peu candide et très naturelle simplicité, ces jets imprévus d’imagination ou d’ironie, cet art de dire les choses en se jouant, sans appuyer, et d’enfoncer profondément le trait dont l’atteinte est si légère.

864. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Anatole France »

S’il parle à son chat, c’est que son chat lui est un compagnon naturel et nécessaire, qui fait partie de son cabinet de travail, et c’est pour lui adresser des discours pleins de suc et de philosophie. […] Vous vous êtes fait jusqu’ici bien venir de ma gouvernante, qui, comme toutes les vieilles gens, est assez morose de son naturel. […] Partout cette tendresse et cette ironie s’accompagnent, car elles ont les mêmes origines ; elles sont l’une et l’autre d’une telle sorte qu’elles ne supposent pas seulement une disposition naturelle de l’esprit et du cœur, mais une science étendue, l’habitude de la méditation, de longues rêveries sur l’homme et sur le monde et la connaissance des philosophies qui ont tenté d’expliquer ce double mystère. […] Il ravira les poètes, car il est plein de la poésie la plus naturelle et la plus fine à la fois.

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