/ 2981
517. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « GLANES, PÖESIES PAR MADEMOISELLE LOUISE BERTIN. » pp. 307-327

Ce volume en fait la réponse naturelle, très en harmonie avec les accords qui l’ont provoquée ; il est, après dix ans, l’expression en poésie de ces saisons déjà anciennes, décorées et embellies encore par le souvenir. […] Un certain besoin de composition et d’art, une certaine volonté et préoccupation de lyrisme, font quelquefois qu’on prête à l’observation naturelle plus qu’elle ne donne et ne renferme. […] Ces vers qui, en somme, rendent plusieurs des qualités éminentes de la poésie moderne et n’en ont que les défauts modérés ; ces vers qui, bien que venus tard, se rattachent au beau moment de l’école, à son berceau même, et nous reportent à bien des années en deçà, nous sont une occasion peut-être assez naturelle d’en repasser d’un coup d’œil toute la carrière. […] Un génie naturel décidé se tirerait de là, je le crois bien.

518. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Sur la reprise de Bérénice au Théâtre-Français »

Bérénice, bien que commandée par Madame, me semble tout à fait dans le goût secret et selon la pente naturelle de Racine ; c’est du Racine pur, un peu faible si l’on veut, du Racine qui s’abandonne, qui oublie Boileau, qui pense surtout à la Champmeslé, et compose une musique pour cette douce voix. […] Je ne sais à quel ton au juste appartiennent, dans l’ordre des genres, tant de vers faciles, tendres, naturels et amoureux, mais qui sont le soupir et la plainte de tous les cœurs bien touchés : Voyez-moi plus souvent, et ne me donnez rien ! […] Titus donc exprime en lui le caractère tragique, en ce sens qu’il soutient une lutte généreuse, qu’il sort du penchant tout naturel et vulgaire ; qu’il a le haut sentiment de la dignité souveraine et de ce qu’on doit à ce rang de maître des humains. […] Un organe pur, encore vibrant et à la fois attendri, un naturel, une beauté continue de diction, une décence tout antique de pose, de gestes, de draperies, ce goût suprême et discret qui ne cesse d’accompagner certains fronts vraiment nés pour le diadème, ce sont là les traits charmants sous lesquels Bérénice nous est apparue ; et lorsqu’au dernier acte, pendant le grand discours de Titus, elle reste appuyée sur le bras du fauteuil, la tête comme abîmée de douleur, puis lorsqu’à la fin elle se relève lentement, au débat des deux princes, et prend, elle aussi, sa résolution magnanime, la majesté tragique se retrouve alors, se déclare autant qu’il sied et comme l’a entendu le poëte ; l’idéal de la situation est devant nous. — Beauvallet, on lui doit cette justice, a fort bien rendu le rôle de Titus ; de son organe accentué, trop accentué, on le sait, il a du moins marqué le coin essentiel du rôle, et maintenu le côté toujours présent de la dignité impériale.

/ 2981