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1630. (1848) Études critiques (1844-1848) pp. 8-146

Entre autres, nous pourrions dire : les bonnes choses ne sont pas si communes en Europe, que les nations puissent, chacune, garder les siennes sans en faire part au prochain ; nous dirions aussi : il nous est venu d’Allemagne, dans ces derniers temps, un si bon nombre de tristes importations nuageuses, que l’on peut bien en tirer aussi quelque chose de clair, de vif, d’hostile au genre nébuleux.

1631. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre VI. La parole intérieure et la pensée. — Second problème leurs différences aux points de vue de l’essence et de l’intensité »

Mais, si l’usure des idées a des conséquences observables dans l’histoire des langues, c’est qu’elle se produit dans les mêmes couples de mots et d’idées chez presque tous les hommes d’une même nation : l’énergie intellectuelle, l’attention aux idées, est rare ; on ne réfléchit guère que lorsqu’on innove, et les inventeurs, chez tous les peuples, sont peu nombreux ; ralentir le cours de sa pensée pour la mieux connaître est d’un esprit exceptionnel [§ 11] ; la plupart des hommes se hâtent de passer d’une idée à une autre et négligent chacune d’elles à mesure qu’elle a été suffisamment aperçue ; de là vient qu’au bout d’un certain temps une langue ne contient plus guère que des mots usés ; on les comprend sans effort, mais ils ne disent presque rien à l’esprit ; associés entre eux suivant des habitudes invétérées, ils expriment des pensées devenues banales, des lieux communs, auxquels on croit par routine sans bien savoir la raison qui les fonde.

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