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771. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre V. Le génie et la folie »

Tantôt c’est l’imagination qui s’exalte, qui a besoin de chants et de musique, et croit entendre des concerts divins : elle va même quelquefois jusqu’à produire des vers avec facilité et avec verve, ce dont elle était incapable dans l’état sain.

772. (1888) Portraits de maîtres

L’art précis et sculptural des Éoliens n’a rien à démêler avec sa manière abondante mais un peu lâche et participant de la musique plutôt que de la statuaire. […] Quelle musique du vers et quel chant de l’âme quel rythme à jamais suave et murmurant ! […] La beauté poétique pure réside en effet dans la suggestion plus encore que dans l’expression… Il faut, pour que le sortilège des beaux vers s’accomplisse, du rêve et de l’au-delà, de la pénombre morale et du mystérieux. » La Maison du Berger peut se comparer aux plus larges symphonies des musiciens les plus inspirés avec l’avantage que la poésie conservera toujours sur la musique. […] Ce zèle de la consonance va jusqu’à la musique de la rime triplée dans l’Hiver, le roi d’Yvetot, la Mère aveugle, les Adieux à la gloire, et bien d’autres pièces encore. […] « Étouffée par l’épaisseur des murailles, comme par une sourdine, la musique avait une douceur étrange ; c’était un chant d’une volupté triste, d’une langueur exténuée, exprimant la fatigue du corps et le découragement de la passion ; on y pouvait deviner aussi l’ennui lumineux de l’éternel azur, l’indéfinissable accablement des pays chauds.

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