Tantôt c’est l’imagination qui s’exalte, qui a besoin de chants et de musique, et croit entendre des concerts divins : elle va même quelquefois jusqu’à produire des vers avec facilité et avec verve, ce dont elle était incapable dans l’état sain.
L’art précis et sculptural des Éoliens n’a rien à démêler avec sa manière abondante mais un peu lâche et participant de la musique plutôt que de la statuaire. […] Quelle musique du vers et quel chant de l’âme quel rythme à jamais suave et murmurant ! […] La beauté poétique pure réside en effet dans la suggestion plus encore que dans l’expression… Il faut, pour que le sortilège des beaux vers s’accomplisse, du rêve et de l’au-delà, de la pénombre morale et du mystérieux. » La Maison du Berger peut se comparer aux plus larges symphonies des musiciens les plus inspirés avec l’avantage que la poésie conservera toujours sur la musique. […] Ce zèle de la consonance va jusqu’à la musique de la rime triplée dans l’Hiver, le roi d’Yvetot, la Mère aveugle, les Adieux à la gloire, et bien d’autres pièces encore. […] « Étouffée par l’épaisseur des murailles, comme par une sourdine, la musique avait une douceur étrange ; c’était un chant d’une volupté triste, d’une langueur exténuée, exprimant la fatigue du corps et le découragement de la passion ; on y pouvait deviner aussi l’ennui lumineux de l’éternel azur, l’indéfinissable accablement des pays chauds.