Or on doit compter pour beaucoup de diminuer le travail de la lecture, & d’abréger le tems qu’il faut employer à l’étude de tant d’ouvrages si longs, si chers, si rares, & de les donner en racourci à une infinité de lecteurs, qui n’ont ni le tems, ni le moyen de se fournir de ces livres.”
Par les moyens si variés dont témoigne son œuvre, par l’accumulation vraiment paradoxale des sujets qu’il a tour à tour ou ensemble abordés, et sur lesquels son esprit vif, agile et clair a projeté tout aussitôt une belle lumière, Émile Faguet a donné au métier de critique la popularité ; il a excellé dans l’analyse des ouvrages des penseurs, dans la reconstruction, ingénieuse autant qu’aisée, de leurs systèmes. […] Et cette passion si chaste, si sincère, si forte et si émouvante néanmoins. » Au sortir de cette lecture, Verlaine ressentit plus vivement qu’il n’avait pu le faire jusque-là le principal défaut des infaillibles Parnassiens, leur sécheresse foncière ; il écrira plus tard en parlant d’eux : « Du bois, du bois et encore du bois. » Mais ce qui est autrement curieux, c’est qu’à lui, à l’auteur des Fêtes galantes, la bonne Marceline réservait une surprise de métier : il apprit d’elle et de sa poésie « un peu naïve, sous le rapport de la forme », que le plus inspiré perd quelque chose à n’avoir pas l’absolue possession du mécanisme de son art, mais que la virtuosité extrême offre encore plus de périls, et qu’il est presque nécessaire au vrai talent, pour n’être pas sournoisement ensorcelé, garrotté, étouffé par son propre acquis, de recourir à l’abandon d’une partie de ses moyens, de deviner le prix de l’ignorance.