Quand elle fut morte, mon ami, qui la vit au dernier moment, me remit mes lettres. Je les gardai longtemps avec les siennes comme deux reliques qui ne formaient qu’un seul être, et un jour que je me sentis près de mourir moi-même, je pris mon grand courage et je brûlai ces deux rouleaux, qui formaient deux volumes, pour que les deux cendres ne restassent pas après nous sur cette terre, mais que nous les retrouvassions au ciel où elles allaient avant nous. […] Elle mourut mécontente de son fils et dans l’abandon. […] Par quelle bouche Dieu parlerait-il au fils si ce n’est par celle de sa mère morte ?
De là vient qu’on leur reproche de se démentir, et de pivoter tout d’une pièce : si parfois la raison s’éclairant change de maximes, la volonté suit, et toute l’âme ; ainsi Émilie, à la fin de Cinna : Ma haine va mourir, que j’ai crue immortelle. Elle est morte… Et rien du vieux levain ne fermentera plus en elle : elle sera paisible dans la tendresse comme elle avait été assurée dans la fureur. […] Il mourut assez misérable dans la nuit du 30 septembre au 1er octobre 16S4. — La chronologie des premières pièces de Corneille a été longtemps établie d’une manière erronée : voici comment il faut la rétablir : le Cid, déc. 1636 ou janv. 1637 ; Horace et Cinna, 1640 ; Polyeucte, 1643 ; Pompée et le Menteur, hiver de 1643-1644 ; la Suite du Menteur, sans doute 164i ; Rodogune, hiver de 1644-1645 ; Théodore, 1645. […] En 1639, il devint lieutenant au bailliage de Dreux : il mourut en 1650, d’une maladie épidémique qui ravageait la ville.