— Pourtant l’idée est antérieure au mot ; elle est même nécessairement antérieure, car « tout objet est nécessairement antérieur à son image »45 — mais c’est uniquement comme virtualité, comme puissance ; l’idée en acte est simultanée à son expression, elle naît et meurt à la conscience avec le mot ; avant l’apparition du mot, nous ne la connaissons pas, bien qu’elle soit en nous ; elle est inconsciente.
Voici une figure humaine, voici un paysage, voici une nature morte. […] Ces groupes lamentables, ces bras qui se tendent, ce geste d’adieu de la jeune fille qui se retourne vers la vie, ces mourants, peut-être ces morts qui se soutiennent l’un l’autre, qui s’aident à franchir le seuil lugubre, démenti vraiment sublime à la dure parole qui veut que l’on meure seul, tout cela est bien fait pour frapper l’imagination. […] Dira-t-on que les genres qui ont plutôt une tendance au réalisme, comme la nature morte, le paysage, le portrait, sont en soi supérieurs à tous les autres ?