Marais était un curieux de nouvelles dans la meilleure acception du mot, non pas un de ces curieux badauds, gloutons et qui gobent tout ce qu’on débite, mais un curieux déniaisé et jaloux d’être bien informé sur toute chose. […] Il semble admettre que les poètes, chansonniers et diseurs de bons mots, sont gent bâtonnable à merci et miséricorde. […] « Poète, mauvais métier qui fait mourir de faim son maître ou le fait pendre », c’est encore un mot de Marais. […] Il y a de bonnes petites anecdotes, des traits philosophiques, en un mot de tout ce qu’il faut pour plaire, et j’ai bien regretté ma pauvre Mme de Mérigniac, qui en était folle. […] Coupons court d’un mot : on ne le connaissait point parmi les Quarante.
Une équivoque de mots a seule donné quelque apparence de raison à ce paradoxe. […] On a lié par des mots un contresens dont on a fait une phrase ; mais cette phrase ne change rien à la vérité des choses. […] L’on m’a demandé quelle définition je donnais du mot philosophie dont je me suis plusieurs fois servie dans le cours de cet ouvrage. […] Les définitions pourraient être bonnes, si l’on n’employait pas des mots pour les faire. Malgré cela, je suis persuadé qu’on peut être clair, même dans la pauvreté de notre langue, non pas en donnant toujours les mêmes acceptions aux mêmes mots, mais en faisant en sorte, autant de fois qu’on emploie chaque mot, que l’acception qu’on lui donne soit suffisamment déterminée par les idées qui s’y rapportent, et que chaque période où ce mot se trouve, lui serve, pour ainsi dire, de définition. » Après avoir cité cette opinion d’un grand maître contre les définitions, je dirai que je ne donne jamais au mot philosophie, dans le cours de cet ouvrage, le sens que ses détracteurs ont voulu lui donner de nos jours, soit en opposant la philosophie aux idées religieuses, soit en appelant philosophiques des systèmes purement sophistiques.