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2030. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. DE BALZAC (La Recherche de l’Absolu.) » pp. 327-357

Et certes, si en parlant du lyrique Malherbe et surtout de l’autre Balzac, solennel pourtant, et si savant en beaux mots, le bon Tallemant a trouvé moyen d’amasser tant de traits piquants de caractère, d’enregistrer tant d’indiscrétions de langage, tant de superstitions fastueuses d’auteur et de jactances naïves, que n’aurait-il pas à moissonner d’abondant autour de chacun des nôtres ! […] » Ce mot de Lambert est comme la clef de M. de Balzac104. […] M. de Balzac n’a pas le dessin de la phrase pur, simple, net et définitif ; il revient sur ses contours, il surcharge ; il a un vocabulaire incohérent, exubérant, où les mots bouillonnent et sortent comme au hasard, une phraséologie physiologique, des termes de science, et toutes les chances de bigarrures. […] Il comparera tout d’abord la voix du chaste enfant Louis Lambert à une voix qui prononce un mot d’amour, au matin, dans un lit voluptueux ; il abusera, en peignant Mme Claës, des projections fluides dans les regards. […] En un mot, cet en est partout employé à faux par M. de Balzac ; il y trouve je ne sais quelle particulière douceur, et l’introduit jusque dans certaines locutions qui n’en ont que faire.

2031. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « UNE RUELLE POÉTIQUE SOUS LOUIS XIV » pp. 358-381

Une certaine conscience intérieure, au milieu de tous leurs succès de société, semble avoir averti les poëtes et beaux-esprits de ce bord, qu’ils n’étaient pas à leur vraie place dans le siècle, que leur moment était passé ou n’était pas venu, que d’autres, véritablement grands, régnaient, qu’ils étaient évincés, en un mot. […] On sait le mot peu platonique de Mme de La Sablière, repris depuis par Figaro : « Eh quoi ! […] En un mot, un peu de dix-huitième siècle déjà en Mme Des Houlières, puisqu’on est convenu d’appeler dix-huitième siècle cela189. […] Redisant le mot de Flaccus, Répétant ma plainte trop vaine, Je vais donc où mon pas me mène, Vers les grands débris aperçus. […] C’est la mise en action de ce mot de La Rochefoucauld : On pardonne tant que l’on aime.

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