On place devant nous des assiettes, au fond desquelles, imprimés en triste bistre, figurent les grands écrivains de Louis XIV, ayant au dos la date de leur mort. […] On s’était un peu grisé, et l’ivresse de tous s’entretenait de l’incertitude de la mort qui attendait chacun. Axenfeld déjà souffrant, d’abord silencieux, se levant tout à coup et dominant les paroles tumultueusement confuses : « Moi, s’écriait-il, je mourrai du cerveau », — et il se mettait à raconter sa mort, telle qu’elle arriva. […] Puis se retournant vers son voisin de gauche, il lui prophétisait, dans un épouvantable récit, sa mort. […] Je pensais, malgré moi à ce sommeil de mon frère, en face de moi, en chemin de fer pour Vichy, où j’avais vu un instant, sur son visage de vivant, son visage de mort.
Parce que Colbert était mort. […] Cependant… Enfin la voici : Epigramme sur la mort de M. […] Après la mort de Colbert la candidature de La Fontaine devenait plus consistante. […] On y voit La Fontaine écrire à Maucroix, le 14 février 1695, c’est-à-dire bien peu de temps avant sa mort : « Oh ! mon ami, la mort n’est rien, mais tu sais comme j’ai vécu et c’est ce qui viendra après la mort qui m’épouvante désormais. » Le 13 avril, il fut délivré de ses craintes et de la vie.