Qu’il se lève d’entre les morts et qu’il vous accuse celui que vous avez trompé ! […] c’est vous qui avez écrit la Mort du Juif-Errant ! […] Il est mort ! […] Ils sont morts à la française, sans emphase. […] Mais les morts parlèrent trop haut.
Malouet n’avait pas cédé au côté gauche l’honneur de faire une motion pour le retour à Taris de l’abbé Raynal. » Donner l’abbé Raynal pour successeur à Mirabeau, lequel d’ailleurs n’était pas mort au moment où Malouet fit sa motion ! […] L’orateur s’en référait en commençant à la proposition de Mirabeau du mois de juin précédent, par laquelle le grand tribun avait demandé, aux applaudissements de l’Assemblée, qu’elle portât le deuil pour la mort de Benjamin Franklin : « Messieurs, lorsqu’on vous a dit dans cette tribune : Franklin est mort, vous vous êtes empressés d’honorer sa mémoire. […] La mort de Mirabeau, survenue le 2 avril 1791, dut en effet donner le coup de cloche, et l’on crut peut-être avoir trouvé cette occasion propice dans la discussion qui s’éleva sur les principes de la liberté religieuse. […] Voltaire, Montesquieu, Rousseau, Mably sont morts avant d’avoir vu fructifier les germes qu’ils avaient semés dans les esprits : vous vivez, vous qui avez avec eux préparé les voies de la liberté ; et, comme dans ces associations ingénieuses où les vieillards qui survivent héritent de toute la fortune de leurs confrères morts, on se plaisait à voir accumuler sur votre tête le tribut de reconnaissance et d’hommages que l’on ne peut plus offrir qu’à leur cendre… » L’abbé Raynal, devenu homme de génie à l’ancienneté, en héritant successivement des morts, et par le mouvement naturel de la tontine des réputations, un homme de génie par survivance, c’était bien cela ! […] Sa mort excita un regret universel ; il était autant aimé qu’estimé.