Mais la réalité, nous la voyons, et la beauté morale de sa nature s’y montre à nu en toute sincérité. […] Je cherche souvent en moi-même ce qui peut m’avoir fait frapper si durement par notre cher Créateur ; car il est impossible que sa justice punisse ainsi sans cause, et cette pensée achève bien souvent de m’accabler… » Quand on écrit la biographie de certains poëtes, on peut dire que l’on montre l’envers de leur poésie : ici, dans cette longue odyssée domestique, on a simplement vu le fond même et l’étoffe dont la poésie de Mme Valmore est faite, et à quel degré, dans cette vie d’oiseau perpétuellement sur la branche, — sur une branche sèche et dépouillée, — près de son nid en deuil, toute pareille à la Philomèle de Virgile, elle a été un chantre sincère. […] Je trouve pourtant de cette sœur aînée un passage de lettre qui montre qu’elle était bien la sœur de Mme Valmore par la sensibilité et par le cœur ; on croirait lire un bout de légende d’un autre âge : « J’ai été dimanche faire une course pour une dame qui m’est quelquefois utile dans des moments où je ne sais plus à qui avoir recours ; elle me tend la mais pour me ranimer un peu.
Celui-ci répondit : — Je serais fou si je lâchais le dîner que j’ai entre les pattes pour poursuivre une proie qui ne se montre pas encore. » Le moraliste ancien n’a trouvé ici qu’un précepte de prévoyance. […] Ces peintures de La Fontaine, si courtes, valent les plus grands tableaux ; car tout le talent de l’artiste consiste à saisir le trait exact, qui montre dans un objet le caractère intime. […] Les traits qui le marquent chez La Fontaine sont à peine visibles, et cependant ils sont si justes, que cette esquisse imperceptible le montre tout entier.