. — En second lieu, et tandis que jusqu’à Tartuffe les comédies de Molière ne mettaient en scène que des individus, c’est « la famille » qu’il nous montre constamment dans les dernières ; — dans L’Avare ; dans Georges Dandin ; dans Le Bourgeois gentilhomme ; dans Les Femmes savantes ; dans Le Malade imaginaire ; — et la raison en est que nos ridicules ou nos vices ne prennent toute leur valeur ou ne portent toutes leurs conséquences que dans nos rapports avec les autres. — Et troisièmement, et en dernier lieu, Molière élargit de plus en plus le champ de son observation, de manière à y faire entrer la totalité de son expérience de la vie : — ce qu’il connaît de la province, dans Pourceaugnac et dans La Comtesse d’Escarbagnas ; — de la petite bourgeoisie, dans Le Bourgeois gentilhomme ; — de la demi-bourgeoisie dans Georges Dandin. — C’est comme si l’on disait que, d’œuvre en œuvre, il appelle de plus nombreux spectateurs ; — plus divers, à juger de la vérité de ses peintures ; — et à se reconnaître eux, leurs enfants, et leurs voisins dans les représentations de la vie qu’il leur offre. — Que là même est la raison de l’amertume qui est au fond d’une partie de son œuvre ; — et, à ce propos, de la liaison du « naturalisme » en littérature avec le « pessimisme ». — Si cette liaison, entrevue par Molière, ne l’a pas obligé, de peur de tomber dans le drame, à augmenter la part de la bouffonnerie dans ses dernières œuvres : Monsieur de Pourceaugnac, Le Bourgeois gentilhomme, Le Malade imaginaire ; — et si quelque tristesse n’est pas inhérente à toute observation un peu profonde de la vie ?
Corneille nous montre comment la grâce agit, comment elle surprend, comment elle saisit, comment elle pénètre.