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1127. (1902) La formation du style par l’assimilation des auteurs

Le goût seul éclaire la lecture, montre les beautés et les défauts. […] Ainsi forcé de se découvrir, l’infortuné Gaulois montre la tête. […] Il vous montre l’orage d’un mot : « Les éclairs s’entortillent aux rochers ». […] Et c’est tout le temps ainsi : de la matérialité visible, la touche du grand peintre, qui sait qu’on montre mieux les choses par deux ou trois détails saillants que par une description générale. […] Il est essentiel de signaler maintenant la fausse description, celle qui croit peindre et qui ne montre rien, parce qu’elle est faite d’imagination et qu’elle veut se passer de réalité.

1128. (1912) Pages de critique et de doctrine. Vol I, « I. Notes de rhétorique contemporaine », « II. Notes de critique psychologique »

Nous aurait-il donné, en achevant ce récit, le témoignage complet qui montre, à la fois, un coin de vie humaine, et l’esprit où ce coin de vie humaine s’est pensé ? […] Le romancier nous la montre approvisionnant d’eau la toilette du locataire, tandis que sa grand’mère apporte des draps frais ; puis déménageant le mannequin qui lui sert à ses travaux de couture. […] Molière semble avoir deviné ce trait, quand il montre, au quatrième acte du Festin de Pierre, son héros en face d’Elvire : « Sais-tu bien que j’ai encore senti quelque peu d’émotion pour elle ? […] L’écrivain, ou mieux, le témoin, nous montre la terre et le ciel « morts de froid ». […] Il la montre, assise à sa fenêtre, maniant les grains … De son lent chapelet.

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