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830. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre premier. De la louange et de l’amour de la gloire. »

Ces mêmes Athéniens étaient les maîtres et les tyrans d’Alexandre qui était le maître du monde ; c’était pour eux qu’il combattait, qu’il détrônait, qu’il faisait des rois. […] C’est peut-être avec deux ou trois cents couronnes de chêne que Rome a conquis le monde. […] Il semble en effet que la vertu et le génie souvent opprimés, se réfugient loin du monde réel, dans ce monde imaginaire, comme dans un asile où la justice est rétablie.

831. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Edgar Poe »

ils ont la valeur de ces beaux éclairs d’horizon qui nous font pressentir deux mondes. […] Edgar Poe, le Bohème de génie, n’est, après tout, ni plus ni moins qu’un Américain, l’énergique produit et l’antithèse du monde américain des États-Unis ! […] Spirituellement parlant, la question de l’autre monde a toujours étrangement pesé sur cet homme de l’autre monde, comme nous disons géographiquement. […] A nos yeux, à nous qui ne croyons pas que l’Art soit le but principal de la vie et que l’esthétique doive un jour gouverner le monde, ce n’est pas là une si grande perte qu’un homme de génie ; mais nul n’est dispensé d’être une créature morale et bienfaisante, un homme du devoir social. […] … L’Amérique, ce monstrueux sac de dollars qui crève de sa plénitude et verse son fleuve d’or sur le monde, n’a pas eu, pour le seul poète et le seul conteur dont elle puisse s’honorer, un shilling, — un seul pence de pitié.

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