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612. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Stéphane Mallarmé » pp. 146-168

Déjà le monde lui est insupportable. […] Ce grand silence, c’est le seuil d’un autre monde. […] Le monde n’existe qu’en représentation. Le monde est une-création de l’âme. […] Sa conviction c’est que le poète est l’ouvrier de la civilisation et que, sans lui, le monde ne serait que ténèbres et chaos.

613. (1890) L’avenir de la science « XVI »

La pensée primitive n’avait vu qu’un seul monde ; la pensée à son second âge aperçoit mille mondes, ou plutôt elle voit un monde en toute chose. […] Un homme simple, synthétique, sans critique, est plus puissant pour changer le monde et faire des prosélytes que le philosophe inaccessible et sévère. […] La France est le pays du monde le plus orthodoxe, car c’est le pays du monde le moins religieux et le plus positif. Les types à la Franklin, les hommes d’ici-bas (tout ce qu’il y a au monde de plus athée) sont souvent les plus étroitement attachés aux formules. […] Ils nient hardiment l’au-delà (das Jenseits), c’est-à-dire le suprasensible, le religieux sous toutes ses formes, déclarant que c’est abuser l’homme que de le faire vivre dans ce monde fantastique.

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