Le petit Ivashita reste donc seul au monde avec sa nourrice Tika. […] non, ce n’est pas ainsi qu’on médit dans le monde ! […] Il n’y a pour elle au monde que son Maurice. […] Et pourtant il y avait du monde. […] Point : elle n’a été faite que pour tout le monde.
Lui qui a si ingénieusement et si justement comparé la suite des âges et des siècles à la vie d’un seul homme, lequel, existant depuis le commencement du monde jusqu’à présent, aurait eu son enfance, sa jeunesse, sa maturité, comment n’a-t-il pas reconnu que cet âge de jeunesse qu’il rejetait dans le passé était en effet le plus propre à un certain épanouissement naturel et riant, dont l’à-propos ne se retrouve plus ? […] Car cette Thalie, comme il l’appelle, cette verte et agréable beauté de la muse pastorale, à quel âge du monde ira-t-on la demander, si ce n’est à sa jeunesse ? […] Fontenelle a beau définir la maturité actuelle du monde une virilité sans vieillesse, et dans laquelle l’homme sera toujours également capable des choses auxquelles sa jeunesse était propre, il est bien clair que cette capacité s’applique peu aux sentiments, et que rien de tout ce qu’il y a de solide ou de raffiné dans l’homme moderne ne saurait lui rendre une certaine fleur. […] Hommes et poëtes, ne sommes-nous pas tous plus ou moins comme le Daphnis de l’idylle, qui, en mourant, ne veut rendre sa flûte qu’au dieu, et qui crie aux ronces de donner des violettes, au genévrier de porter le narcisse, et au monde entier d’aller sens dessus dessous, parce que lui-même il s’en va ? […] Et si nous n’y prenons garde, non-seulement nous sommes tentés de le souhaiter, mais nous finissons presque par le croire : le monde saurait-il aller sans nous ?