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577. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIVe entretien. Madame de Staël. Suite »

Il y a des moments où le scepticisme est nécessaire au progrès des sciences ; il en est d’autres où, selon Hemsterhuis, l’esprit merveilleux doit l’emporter sur l’esprit géométrique. […] Quand un livre paraît, que de moments heureux n’a-t-il pas déjà valu à celui qui l’écrivit selon son cœur et comme un acte de son culte ! […] Mais il y a des mensonges de circonstance qui ont pour un moment le succès d’une vérité. […] Villemain, dans ses souvenirs de cette époque, pour que nous laissions peindre à un autre qu’à ce grand peintre les angoisses d’une femme qui furent en ce moment les angoisses de toute une nation. […] Son amie, madame Necker de Saussure, raconte qu’à ses derniers moments elle songeait encore, comme Mirabeau mourant, à combattre le despotisme, qu’on tentait de réhabiliter sous le nom redevenu populaire de Napoléon.

578. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1876 » pp. 252-303

Dans un moment où ils étaient seuls, le gendarme, étendant la main vers les reliures en bois et les reliures en peau de truie des antiques manuscrits des vieux siècles, dit à Renan : « Monsieur, tous ces ouvrages, je pense, sont les livres couronnés par l’Académie ?  […] À ce moment, on annonce l’homme aux deux jambes coupées. […] À un moment, Bréal se penche vers moi, et me dit : « Il est encore malade, Picard, voyez comme il est amer !  […] Et le curieux, le voici : j’étais emprisonné simplement pour écrire le livre de La Fille Élisa, et cela sans qu’il eût paru, sans qu’il fût plus avancé qu’il ne l’est en ce moment. […] Je vais ainsi par le Bois, par la grande rue de Boulogne jusqu’au pont de Saint-Cloud, et, regardant un moment dans la Seine, le reflet du pauvre village ruiné, je reviens par le même chemin.

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