Puisqu’il avait de quoi donner à son fils unique l’éducation des fils des meilleures familles de Rome, il avait assez ; d’ailleurs il s’était fait lui-même le premier instituteur de son enfant ; il l’accompagnait aux écoles, il étudiait avec lui, il ne s’en rapportait à personne du soin de veiller sur les pas et sur l’innocence des mœurs de son fils ; une mère chrétienne n’aurait pas de plus scrupuleuses sollicitudes sur la pureté d’un enfant. Les mœurs dépravées de la Grande Grèce et de Rome rendaient ces inquiétudes plus naturelles et plus obligatoires dans ces climats vicieux que dans nos contrées plus pures ; c’est grâce à ces surveillances assidues que le jeune Horace, enfant d’une beauté précoce, dut la pureté et la fraîcheur prolongée de son âme. […] Ses paupières, un peu malades dès sa jeunesse, étaient bordées de larmes fréquentes et colorées de pourpre par une légère inflammation organique. » Tel était Horace à cet âge ; un peu plus tard la mollesse de son tempérament, et peut-être de ses mœurs, chargèrent d’un peu d’embonpoint ses membres dispos. […] Virgile se joignait quelquefois à ce triumvirat ; il accompagnait Horace et Mécène dans leur voyage d’été sur les belles côtes de Tarente ; mais sa mauvaise santé et la réserve de ses mœurs à l’égard des courtisanes (quoique moins pures qu’on ne les représente sous d’autres rapports) le rendaient un convive moins agréable dans les festins et un poète moins recherché des femmes de cette cour. […] Seulement le vieillard de Ferney n’avait pas le droit d’accuser trop Virgile et Horace de leurs complaisances envers Auguste, lui qui avait été le complaisant de Frédéric, le plus spirituel, mais le plus pervers des rois ; lui qui excusait dans Catherine de Russie jusqu’au meurtre prémédité d’un époux pour affranchir ses mœurs dépravées et pour régner à la place d’un fils au nom des prétoriens de la Russie et au mépris des lois de l’empire.
Leur éloquence est le débat de leur assemblée publique, où ils portent la rudesse de leurs mœurs violentes et où les brutalités du geste et du poing fermé suppléent à ces belles violences morales que les grands orateurs de l’Europe antique ou moderne exercent à l’aide de la persuasion et de la logique sur les hommes d’élite rassemblés pour chercher, en commun, la raison et le droit des choses. […] Ils connaissent eux-mêmes le désagrément habituel de leurs mœurs. […] L’alliage, le mensonge de la société n’entrent pour rien dans son caractère et ses mœurs. […] Il a passé les nuits à la belle étoile, au pied de l’arbre qui logeait dans ses rameaux le peuple dont il venait étudier les mœurs et que jamais il n’a perdu de vue. […] Réduits à vivre du travail de leurs mains, leurs vices, qui n’ont plus d’aliments, s’amortissent et leurs mœurs s’améliorent.