On n’oriente ni les édifices publics ni les édifices particuliers, on ne trace ni méridienne ni cadrans sans éléments d’astronomie ; il est cependant plus important de connaître les lois et les mœurs de son pays que la théorie de la lune ou des comètes, mais les sciences sont si faciles de nos jours, et les enfants ont tant de temps devant eux ! […] Les beaux-arts ne font pas les bonnes mœurs ; ils n’en sont que le vernis. […] Je sais qu’on a recours à la glose interlinéaire, à la construction directe, et à d’autres petits moyens de soulager l’imbécillité des élèves ; mais j’ignore encore le fruit de ces méthodes tant prônées par les inventeurs ; et le préservatif des mœurs, à l’aide des éditions mutilées, me paraît insuffisant, si à chaque ligne le maître ne fait pas sentir le vice d’un caractère, le danger d’une maxime, l’atrocité ou la malhonnêteté d’une action, peine qu’il ne se donnera jamais. […] Si le maître parle un latin pur et correct, il ne gâtera pas le goût des élèves, mais ils fatigueront à l’entendre ; s’il parle un latin barbare, comme il est d’usage et de nécessité dans une langue morte à laquelle il manque une infinité de termes correspondants à nos mœurs, à nos lois, à nos usages, à nos fonctions, à nos ouvrages, à nos inventions, à nos arts, à nos sciences, à nos idées ; il sera entendu, mais ce ne sera pas sans danger pour le goût. […] Je demande s’il est indifférent d’en aplanir la difficulté par des notions générales sur les mœurs, les usages, les faits ; en un mot, par l’histoire des temps ?
. — La contrainte et l’hypocrisie des mœurs. — Comment et selon quelle loi varient les conceptions morales. — La vie et la morale méridionales […] Il est allé dans la tente d’Ali-Pacha, il a goûté l’âpre saveur des aventures maritimes et des mœurs sauvages. […] Soigneusement, pieusement, il suit à la trace les vieilles mœurs et la vieille croyance. […] En Angleterre, la dureté du climat, l’énergie militante de la race et la liberté des institutions prescrivent la vie active, les mœurs sévères, la religion puritaine, le mariage correct, le sentiment du devoir et l’empire de soi. En Italie, la beauté du climat, le sens inné du beau et le despotisme du gouvernement suggéraient la vie oisive, les mœurs relâchées, la religion imaginative, le culte des arts et la recherche du bonheur.