/ 2394
577. (1874) Premiers lundis. Tome II « Poésie — George Sand. Cosima. »

Et d’abord, ceux qui sont si chauds partisans de ce qu’on appelle la réaction classique, et qui la comprennent peu, ceux qui y voient autre chose que le noble plaisir d’entendre une jeune tragédienne de talent et de rapprendre, grâce à elle, ce qu’il n’aurait jamais fallu oublier, ce qu’il faut moins que jamais reproduire, ceux-là, épris contre le drame moderne d’une ferveur novice de croisés, et qui ne daignent plus faire de différence de Hernani à Vautrin, étaient quelque peu disposés d’avance à y confondre Cosima. […] Ainsi, au premier acte, Cosima, qui n’entend parler depuis quelques jours, et à son oncle le chanoine, et à sa soubrette, que de son honneur à elle qu’Alvise son mari doit défendre, Cosima, ennuyée, excédée de cette surveillance qui la froisse comme femme de bien, et qui la tente comme toute fille d’Ève, s’écrie avec un sentiment douloureux d’oppression et en se dirigeant vers la fenêtre où elle apercevra peut-être l’ombre d’Ordonio ; « L’air qu’on respire ici depuis quelque temps est chargé d’idées blessantes et de paroles odieuses. » Si on murmure à une telle phrase au lieu d’applaudir, il faut renoncer, j’en demande pardon aux puristes du parterre, à faire parler la passion moderne au théâtre et à y traduire la pensée en d’énergiques images.

578. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XI. De la littérature du Nord » pp. 256-269

Enfin ce qui donne en général aux peuples modernes du Nord un esprit plus philosophique qu’aux habitants du Midi, c’est la religion protestante que ces peuples ont presque tous adoptée. […] Les modernes seraient condamnés aussi à la monotonie, si les fables des Grecs étaient le seul moyen de varier les ouvrages d’imagination ; car plus ces fables sont dignes d’admiration dans les poètes anciens qui les ont employées, plus il est difficile à nos poètes de s’en servir.

/ 2394