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829. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « L’Abbé *** »

Publié en Belgique, chez les éditeurs Lacroix et Verboeckhoven, les fonctionnaires publics du gouvernement Victor Hugo, descendu de la même planche qui, sans se rompre, a porté les Misérables, et bien autrement fort de café, disait-on, contre le sacerdoce et l’Église, que tout ce qu’on nous avait servi jusque-là, ce livre, intitulé sinistrement : le Maudit, était l’œuvre d’un prêtre, non d’un prêtre ébauché et d’un fuyard de séminaire comme Ernest Renan, mais d’un vrai prêtre, complet et héroïque, qui n’avait pas mis son nom à son ouvrage, parbleu ! […] Monseigneur ne s’est pas aperçu qu’il continuait cette faute de charité en sens inverse commise par tout l’Épiscopat quand, à force de mandements, d’anathèmes et de coups de cloche, il a mis, de ses mains bénies, cinquante mille écus dans le chapeau de Renan, et a fait à ce petit gratte-papier d’une critique impie une position officielle, très confortable, contre Dieu ! […] Les gens à qui on en avait parlé se sont mis à lire le fatras de ces trois volumes, mais personne n’y a trouvé ce qu’il y cherchait. […] Il a l’abaissement, qui le met au niveau de l’intelligence vulgaire. […] le premier prétexte, dans le roman du Maudit, pour aborder la question du mariage des prêtres, cette grande question sans laquelle peut-être l’abbé Trois-Étoiles n’aurait pas mis la plume à la main.

830. (1896) Les origines du romantisme : étude critique sur la période révolutionnaire pp. 577-607

Les âmes sensibles étaient conquises et pour prolonger leur enivrement on mettait Atala en musique et en romances, et on reproduisait par la gravure et la peinture ses scènes principales. […] Chateaubriand dit plus poétiquement « de rapetisser sa vie pour la mettre au niveau de la société ». […] « Ma mère m’avait conçue dans le malheur, raconte la bâtarde de la Louisiane ; elle me mit au monde avec de grands déchirements d’entrailles, on désespéra de ma vie. […] — On pourrait de la sorte mettre à presque toutes les phrases de René et d’Atala un commentaire historique, qui prouverait combien intime était la communion de sensations et d’idées entre Chateaubriand et son public. […] On copiait le premier, on le mettait sur le théâtre ; en nivôse an V on jouait le Lovelace français, comédie en cinq actes ; le nom du héros passa dans la langue, Atala est une Clarisse Harlowe francisée et déguisée en sauvagesse.

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