Publié en Belgique, chez les éditeurs Lacroix et Verboeckhoven, les fonctionnaires publics du gouvernement Victor Hugo, descendu de la même planche qui, sans se rompre, a porté les Misérables, et bien autrement fort de café, disait-on, contre le sacerdoce et l’Église, que tout ce qu’on nous avait servi jusque-là, ce livre, intitulé sinistrement : le Maudit, était l’œuvre d’un prêtre, non d’un prêtre ébauché et d’un fuyard de séminaire comme Ernest Renan, mais d’un vrai prêtre, complet et héroïque, qui n’avait pas mis son nom à son ouvrage, parbleu ! […] Monseigneur ne s’est pas aperçu qu’il continuait cette faute de charité en sens inverse commise par tout l’Épiscopat quand, à force de mandements, d’anathèmes et de coups de cloche, il a mis, de ses mains bénies, cinquante mille écus dans le chapeau de Renan, et a fait à ce petit gratte-papier d’une critique impie une position officielle, très confortable, contre Dieu ! […] Les gens à qui on en avait parlé se sont mis à lire le fatras de ces trois volumes, mais personne n’y a trouvé ce qu’il y cherchait. […] Il a l’abaissement, qui le met au niveau de l’intelligence vulgaire. […] le premier prétexte, dans le roman du Maudit, pour aborder la question du mariage des prêtres, cette grande question sans laquelle peut-être l’abbé Trois-Étoiles n’aurait pas mis la plume à la main.
Les âmes sensibles étaient conquises et pour prolonger leur enivrement on mettait Atala en musique et en romances, et on reproduisait par la gravure et la peinture ses scènes principales. […] Chateaubriand dit plus poétiquement « de rapetisser sa vie pour la mettre au niveau de la société ». […] « Ma mère m’avait conçue dans le malheur, raconte la bâtarde de la Louisiane ; elle me mit au monde avec de grands déchirements d’entrailles, on désespéra de ma vie. […] — On pourrait de la sorte mettre à presque toutes les phrases de René et d’Atala un commentaire historique, qui prouverait combien intime était la communion de sensations et d’idées entre Chateaubriand et son public. […] On copiait le premier, on le mettait sur le théâtre ; en nivôse an V on jouait le Lovelace français, comédie en cinq actes ; le nom du héros passa dans la langue, Atala est une Clarisse Harlowe francisée et déguisée en sauvagesse.