Quand Swift la revit, il lui dit pour première parole : « Dites-moi, madame, êtes-vous aussi fière et d’aussi mauvais caractère aujourd’hui que la dernière fois ? […] — Non madame, c’est une vue trop triste, — et puis il est engagé demain soir. — Milady Club trouverait mauvais — s’il manquait à son quadrille. — Il aimait le doyen (j’ouvre les cœurs), — mais les meilleurs amis, comme on dit, doivent se séparer. — Son heure était venue, il avait fini sa carrière, — j’espère qu’il est dans un monde meilleur… » — Le pauvre Pope sera triste un mois, et Gay — une semaine, et Arbuthnot un jour996 Tel est l’inventaire des amitiés humaines.
Les faits viennent et passent, bons ou mauvais, indifférents ; leur existence suffit à les légitimer, et la distinction s’efface entre ce qui est permis ou défendu. […] Quand une réflexion, curieuse d’approfondir les motifs humains, est préoccupée de les trouver bons ou mauvais et qu’elle se plonge dans cette étude, elle se prépare de singulières déceptions. […] Mauvais contemplateur du monde des choses, il ne l’est pas moins de celui des idées. […] Comme Hubert Liauran, écoutant à Folkestone les vagues plaintes de la mer, croyait entendre d’avance « la rumeur mystérieuse et lointaine de la destinée », ils sentiront, de feuillet en feuillet, peser plus lourdement sur eux le poids de la fatalité mauvaise qui les courbe vers le mal, et sortiront de ce livre, comme ils sortent des expériences de chaque jour, vaincus par l’évidence de la faute originelle.