/ 1701
322. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « M. Jouffroy »

Jouffroy avait bien rencontré sa vocation la plus satisfaisante en s’adonnant à la philosophie ; je me le suis demandé toutes les fois que j’ai lu des pages historiques ou descriptives où sa plume excelle, toutes les fois que je l’ai entendu traiter de l’Art et du Beau avec une délicatesse si sentie et une expansion qui semble augmentée par l’absence, ripae ulterioris amore, ou enfin lorsqu’en certains jours tristes, au milieu des matières qu’il déduit avec une lucidité constante, j’ai cru saisir l’ennui de l’âme sous cette logique, et un regret profond dans son regard d’exilé. […] Jouffroy initiait philosophiquement son ami qui n’avait pas, jusque-là, secoué tout à fait l’autorité en matière religieuse ; M.  […] Leroux y maintint toutefois sur le second plan l’exécution de son projet ; et toute cette matière de voyages, de faits étrangers, de particularités scientifiques, qui occupa longtemps les premières pages du Globe avant l’invasion de la politique quotidienne, était ménagée par lui. […] S’il y avait alors dissidence marquée, division au Globe en quelque matière, cette dissidence portait, le dirai-je ?

323. (1913) La Fontaine « V. Le conteur — le touriste. »

Il s’y rencontrera pourtant des matières peu convenables à votre goût ; c’est à moi de les assaisonner, si je puis, en telle sorte qu’elles vous plaisent ; et c’est à vous de louer en cela mon intention, quand elle ne serait pas suivie de succès. […] De l’humeur dont je vous connais, une galanterie sur ces matières [galanterie veut dire badinage, un badinage sur ces matières] vous plaira plus que tant d’observations savantes et curieuses. […] Elle paraissait assez jeune et de taille raisonnable, témoignait avoir de l’esprit, déguisait son nom, et venait de plaider en séparation contre son mari : toutes qualités de bon augure [vous voyez dans quel sens parle La Fontaine] et j’y eusse trouvé matière de cajolerie, si la beauté s’y fût rencontrée ; mais sans elle rien ne me touche. » Il ne sera plus question de la comtesse que quand on la quittera à Port-de-Piles, quand elle montera dans un carrosse campagnard qui l’emmènera dans son petit castel.

/ 1701