Dans les siècles les plus barbares du moyen âge, on ne trouve rien de plus inconstant, de plus variable, que la fortune des maisons royales.
Même maintenant, pour qu’un édifice nous plaise, il faut qu’il nous paraisse accommodé à son but, qu’il justifie pour notre esprit l’arrangement de ses parties ; une maison ornementée avec beaucoup d’élégance, mais où rien ne semblerait fait pour la commodité de l’habitation, où les fenêtres seraient petites, les portes étroites, les escaliers trop raides, nous choquerait comme un non-sens esthétique. […] Grant Allen cite un paysan d’Hyères qui, félicité sur la vue que sa maison offrait du côté de la mer, se tourne à l’opposé, vers la plaine plantée de choux, et s’écrie : « En effet, il y a là une vue magnifique. » Le beau semble en grande partie dérivé du profitable et du désirable ; pour faire la genèse du sentiment esthétique, il faut faire l’histoire des besoins et des désirs humains8. […] Selon lui, l’évolution du sentiment esthétique a parcouru trois stages successifs ; ce sentiment s’est manifesté d’abord par l’amour de la parure, ensuite par l’ornementation des armes et des ustensiles domestiques, plus tard par la construction et l’ornementation des huttes ou des maisons. Dans les maisons, on a orné d’abord l’intérieur, puis, dans l’intérieur, l’endroit où pouvait pénétrer un étranger ; c’est l’origine de nos salons de réception. […] Aussi un paysage aux lignes horizontales, aux édifices larges et bas, aura-t-il un caractère plus calme, souvent plus prosaïque, que de hautes maisons, des tours, des rochers à pic, de grands arbres droits.