Même les doctes parmi les croyants, même les prêtres faits pour pétrir toutes ces têtes dures qui viennent s’incliner sous leurs chaires, personne enfin ne se risquait à toucher d’une main ferme, d’une maîtresse main, à ce dogme mutilé et saignant sous deux siècles de plaisanteries. […] Des mains faibles et tremblantes d’un mysticisme maladif avaient agacé les questions, mais c’était là tout !
Les Méditations de Lamartine avaient mis leurs mains chastes et mélancoliques autour de tous les cœurs, mais, malgré un accent adorable, Les Méditations, même dans leurs parties les plus fières : l’Épître à Byron, L’Enthousiasme, Le Désespoir, n’avaient point eu ce ravissement sur l’imagination qu’eurent les premiers vers d’Auguste Barbier. […] Cette espèce de phénomène très rare, j’ai tardé, pour ma part, à le signaler, tant je le croyais impossible, tant je croyais à un engourdissement momentané de facultés en cette puissante nature qui m’avait donné de si mâles plaisirs, et tant je répugnais à montrer, dans ce Samson tondu par je ne sais quelle main invisible, non pas une faiblesse relative après une force absolue, mais une faiblesse absolue arrivant à l’anéantissement de toute faculté. […] il y a une seule pièce — je dis une seule pièce de ce navrant recueil — qui ne soit un chef-d’œuvre de maladresse, de main enflée, de poésie spatulée et gourde.