Les Bretons disparurent ou se retirèrent devant les Saxons et les Angles ; depuis cette époque, la conquête des Danois sur les Saxons, des Normands sur les Saxons et les Danois réunis, ne mêla sur ce sol que des peuples d’origine commune, d’habitudes analogues, à peu près également barbares. […] Les Grecs, dont l’esprit et la civilisation ont suivi dans leur développement une marche si régulière, ne mêlèrent point les deux genres, et la distinction qui les sépare dans la nature se maintint sans effort dans l’art. […] Des imaginations grossières devinaient facilement les trivialités qui avaient pu se mêler aux incidents de cette histoire ; l’Évangile, les actes des martyrs, les vies des saints les eussent beaucoup moins frappées si on ne leur en eût fait voir que le côté tragique ou les vérités rationnelles. […] Mais Shakespeare en a fait le Songe d’une nuit d’été ; au milieu de cette fade intrigue interviendront Oberon et son peuple de fées et d’esprits qui vivent de fleurs, courent sur la pointe des herbes, dansent dans les rayons de la lune, se jouent avec la lumière du matin, et s’enfuient à la suite de la nuit, mêlés aux douteuses lueurs de l’aurore. […] Son nom ne se trouve mêlé dans aucune querelle littéraire ; et sans les malignes allusions de l’envieux Ben-Johnson, à peine une critique s’associerait-elle aux éloges qui consacrent sa supériorité.
Tempérée chez Marivaux, ou retenue par quelque crainte du ridicule, et mêlée dans la tragédie de Voltaire à d’autres nouveautés, et d’un autre ordre, c’est ici, dans les romans de Prévost, que la sensibilité se déborde. […] Si la Sorbonne censure le Bélisaire de Marmontel, « ni la cour ni le parlement ne se mêlent de l’affaire ; on fait dire seulement à l’auteur de garder le silence » ; et Bélisaire continue de s’imprimer et de se vendre avec privilège du roi [Cf. […] L’Esquisse de Condorcet a fondé la religion de la science, et transmis ainsi jusqu’à nous, sous une forme pour ainsi parler portative et maniable, tout ce qu’il y a d’erreur et de vérité contenues et mêlées dans la doctrine encyclopédique. […] Moraliste sensible, et sincère, quoique d’ailleurs égoïste, homme a projets, homme à succès, dont les galanteries sont mêlées d’un onctueux et déplaisant patelinage, c’est un admirable écrivain que Bernardin de Saint-Pierre ; et on ne sait pas assez de quel agrément et de quel éclat de coloris, dans ses Études de la nature, ou de quelle délicatesse et de quelle infinie variété de nuances il a diversifié la langue de la description : on aurait envie de dire : « la palette ». […] 2º L’Homme et l’Écrivain. — Origine, famille, et première éducation de Beaumarchais ; — ses débuts d’horloger et sa première querelle avec Lepaute, 1753-1755. — Le professeur de harpe de Mesdames de France, filles de Louis XV, 1759. — Ses duels et ses bonnes fortunes. — Il entre en relations avec Pâris-Duverney, — par lequel il se trouve mêlé à toutes sortes d’affaires de finances. — L’aventure d’Espagne, 1764 [Cf. le quatrième Mémoire contre Goëzman, et Goethe, dans son Clavijo]. — Ses débuts littéraires : Eugénie, 1767, et l’Essai sur le genre dramatique sérieux. — L’imitateur malheureux de Sedaine et le fidèle disciple de Diderot. — De la valeur du grand argument de Beaumarchais contre la tragédie classique, « Que me font à moi… les révolutions d’Athènes et de Rome » ; — et que la portée n’en est pas seulement littéraire, mais sociale. — Le second drame de Beaumarchais : Les Deux Amis, 1770.