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419. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLVIIe Entretien. Marie Stuart, (Reine d’Écosse). (Suite et fin.) »

La soldatesque agitait devant son cheval un drapeau sur lequel était représenté le cadavre de Darnley, couché à côté de son page dans le verger de Kirkoldfield, et le petit roi Jacques à genoux, invoquant le ciel contre sa mère et contre l’assassin de son malheureux père. […] Le parti de Jacques, fils de Marie Stuart, et le parti de sa mère luttèrent de forfaits ; Lennox fut tué en combattant ; le comte de Morton prit la régence à sa place ; il régna en bourreau, le fer à la main ; il anéantit le parti de la reine par la terreur d’un gouvernement, qui prépare des reflux de sang. […] Le fils de Marie, Jacques II, avait été nourri par lui dans l’horreur de la religion de sa mère et dans le mépris de sa mère elle-même. […] leur répondait Élisabeth avec hypocrisie, la reine d’Écosse est ma fille ; mais celle qui ne veut pas bien en user avec sa mère, mérite d’avoir une marâtre !  […] Dis à mon fils qu’il se souvienne de sa mère. » « Pendant que la reine parlait, Melvil à genoux versait des torrents de larmes.

420. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 novembre 1886. »

Si vous le préférez, adressez-vous tout bonnement à l’administration de la Revue Wagnérienne de Paris qui est une véritable mère pour ses abonnés— j’allais dire pour ses paroissiens — et tous les adeptes de la « mélodie infinie ». […] Au moment, dans le grand prologue, où le héros quitte le royaume des Esprits souterrains et abdique, sa royauté pour se vouer corps et âme à l’amour humain, il jure à sa mère de retourner auprès d’elle si jamais « sa couronne serait défleurie, son cœur brisé » ; et c’est ! a phrase de cc vœu qui réapparaît, comme une prophétie réalisée, dans la scène finale, dans le chant de Heiling : « Ma mère, tout s’est accompli » C’est encore ici que nous retrouvons Berlioz avec son Benvenuto Cellini (1838) si méconnu jadis, sifflé à Paris, tombé à Londres, acclamé seulement à Weimar en 1852, et qui vient de remporter de si éclatants succès à Carlsruhe, Mannheim, Munich. […] L’anticipation — une « préminiscence » comme dans Euryanthe 85 — du thème de la Marche du Sacre du Prophète : « Le voilà le Roi Prophète » du quatrième acte dans le récit du Songe, est d’un effet des plus ingénieux, de même que le retour, dans les violoncelles, de la Pastorale du second acte dans la scène de la tente, devant Munster : « Je veux revoir ma mère chérie », L’emploi du Psaume latin rappelle, comme motif caractéristique des trois Anabaptistes, celui du choral de Luther dans le rôle de Marcel. Mais tous ces passages me paraissent surpassés par l’émouvant retour d’une phrase tirée de l’Arioso de Fédès : « Ta pauvre mère », etc., dite cette fois en sanglotant par le cor anglais, et planant au-dessus d’un susurrement mystérieux en trémolo des cordes au moment où, vers la fin du second acte, le futur Roi-Prophète s’échappe pour écouter à la porte de la chambrette de sa mère, qui « dans son sommeil murmure une prière pour le fils ingrat ; une perle, fut-elle enfouie dans un fumier, vaut bien la peine qu’on la mette en lumière !

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