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230. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre VI, « Le Mariage de Figaro » »

Des mères emmènent leurs poupons à l’Opéra, et s’étalent dans leur fonction grave de nourrices. […] C’est Rousseau qui est le consolateur de toutes les âmes fières du Tiers État que l’inégalité a froissées : d’un Barnave, qui se souvient d’un affront fait à sa mère au théâtre par un gentilhomme, du temps qu’il était tout enfant, d’un Marat qui réfute Helvétius et Condillac, et qui commente le Contrat social dans les promenades publiques devant des auditeurs enthousiastes. […] L’auteur fouettait énergiquement et succès et scandale : il faisait servir la bienfaisance au succès de sa comédie, qu’il poussait vers la centième, mettant en avant aujourd’hui les pauvres mères nourrices, demain une veuve d’ouvrier du port Saint-Nicolas. […] Bartholo passe au second plan, et va rejoindre Basile, toujours grave et toujours plat, Marceline, l’aigre duègne, d’où sortira bizarrement « la plus bonne des mères », Antoine, l’ivrogne têtu et sentencieux, Bridoison, le sot immense et profond. […] Il fait jouer en 1787 l’opéra philosophique de Tarare, en 1792 la Mère coupable.

231. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Mme de Genlis. (Collection Didier.) » pp. 19-37

Élevée au château de Saint-Aubin, sous l’aile de sa mère, avec une gouvernante bonne musicienne, elle commença par lire Clélie et des pièces de théâtre. […] M. de Sauvigny (littérateur d’alors spirituel et pas trop médiocre) me guidait dans mes lectures : je faisais des extraits ; j’avais trouvé dans les offices un grand in-folio destiné à écrire les comptes de la cuisine ; je m’en étais emparée, et j’écrivis dans ce livre un journal très détaillé de mes occupations et de mes réflexions, avec l’intention de le donner à ma mère quand il serait rempli. […] J’écrivais beaucoup de lettres : tous les jours à ma mère, trois fois la semaine à Mme de Montesson, quelquefois à Mme de Bellevau, et assez souvent à Mme de Balincourt. […] À propos de cette manie encyclopédique qui la posséda de tout temps et qui ne fit que s’accroître avec les années, un de ses spirituels amis disait : « Elle se réserve de refaire l’Encyclopédie dans sa vieillesse. » En attendant, jeune mariée et à peine enceinte, vite elle écrivait un livre intitulé Réflexions d’une mère de vingt ans, quoiqu’elle n’en eut que dix-neuf. […] ……………………………………………………… Digne mère, jouis, jouis de ces délices.

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