J’en écrivais l’Introduction, d’où (« mon seul guide sera la Science ») se devaient susciter tant de luttes et de négations vaines quand nous apprîmes qu’à la Salle des Capucines, Catulle Mendès parlerait ses souvenirs du Parnasse… presque tous de la petite Pléiade de « Fontanes », nous étions présents : Pierre Quillard, calme à l’habitude, raisonneur et trapu, quelque peu doctoral Ephraïm Mikhaël, grêle et long, sa tête rousse et petite, le visage taché de rousseurs, souriant, un peu dansant de timidité et pourtant tenace Stuart Merriill, grand et svelte, en qui l’hérédité Américaine n’avait point encore triomphé de l’apport Français par sa mère, timide aussi mais partant en grands rires comme puérils, doux et sûr, épris d’heureuse entente. […] Je pus le considérer, il priait candidement du cœur et des lèvres, et, quand ma main toucha son épaule, certes son visage pâle, aux traits détendus et amatis d’une sorte de luminosité lointaine, son visage de pauvre pécheur remettant son poids de misères aux pieds de la Mère des Puretés, m’apparut touchant infiniment.
De là des perplexités ; s’il se livre, c’est le déshonneur sur son nom rejaillissant sur des innocents, sa mère et sa sœur, c’est sa vie écroulée sur un faux raisonnement ; sinon c’est un second crime indéniable ; et, quelque exemple de facilité à vivre avec le remords que lui donnent les comparses du roman, il est irréparablement troublé. […] Aussi dans l’Ève future, ce rêve de si loin, qui peut venir, comme le raconte M. du Pontavice, d’une anecdote touchant quelque lord anglais dont le singulier suicide fut frappant, du propos un peu étonnant au moins d’un ingénieur américain, qu’on aperçoit là, ou plaisant à froid, ou un peu exalté d’enthousiasme pour Edison, mais qu’on pourrait aussi voir issu d’un esprit préoccupé longtemps du joueur d’échecs de Maelzel aussi ayant longtemps sondé le mystère de quelques-unes des plus poignantes nouvelles d’Hoffmann (car il existe le mythe de Coppélia), dans l’Ève future, dans cette production bien nouvelle les fanures sont la place presque maintenant vacante qu’y ont pris les lazzis, aussi des manques dans l’intérêt, au premier abord toujours croissant, lorsqu’on repasse par les longues préparations scientifiques, par où Villiers veut donner à son songe les allures de la vraisemblance et de la probabilité (soin inutile), tandis que s’ajeunit le long développement de l’idée mère « Ah ! […] Et sous la mousse et le thym, Près des arbres de la cure, J’ai marqué la place obscure Où quelque matin Quand, dans la farce commune, J’aurai joué mon rôlet Et récité mon couplet Au clair de la lune, Libre, enfin, de tout fardeau, J’irai tranquillement faire, Entre mon père et ma mère, Mon dernier dodo.