La philosophie, si expérimentale, si scientifique qu’elle puisse être un jour, fie sera jamais dispensée de mettre toute la lumière et toute l’harmonie possibles dans l’exposé des systèmes de plus en plus vastes auxquels elle aboutit ; l’histoire si érudite, si prudente qu’elle veuille être, n’échappe pas à la nécessité d’être une résurrection et par là même une œuvre de vie, une œuvre d’art. […] — Il flétrissait ainsi, en la personne de son grand compatriote, celui qui a détruit la poésie de l’arc-en-ciel, en le réduisant à n’être plus qu’un jeu de lumière, une variété du prisme. […] Serait-ce parce que leur gloire n’est pas rouge du sang d’autrui, parce qu’au lieu de coûter des larmes à l’humanité elle rayonne, sur elle en bienfaisante lumière ? […] Dites, est-ce que l’effort héroïque, l’endurance, l’ascension lente du futur roi de la terre vers le bien-être, la lumière, la puissance, la justice ne sont pas cent fois plus émouvants, plus poétiques que les fables trop docilement répétées de siècle en siècle ?
Ferrari, soit-il doublé d’Hegel, est de n’en avoir aucune, même en acceptant le dogme de la fatalité que devait lui donner la science, c’est-à-dire (entendons-nous) celle du daguerréotype, qui réfléchit tous les corps existants au soleil, sauf leur couleur, leur mouvement, leur bruit, en d’autres termes, leur son, leur parfum, leur lumière ! […] On parle de ses lumières et de son amour pour la science. […] Ce poète dans l’abstraction répand sur les faits un tel prisme, qu’on croirait presque qu’elle appartient aux faits, cette lumière, qu’il n’y trouve pas et qu’il y met ! […] … De preuve facile à justifier ou invincible à repousser, il n’y en a donc pas à ce livre qui nous fait l’effet de je ne sais quel immense mirage, éclairé d’une lumière qui semble la vie de l’histoire, mais qui ne semble l’être que parce qu’elle passe devant nos yeux, comme un tourbillon !