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473. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre quatrième »

C’est le sort, dans notre littérature, de toute imitation, et plus particulièrement de l’imitation des littératures modernes. […] Parmi les poëtes restés fidèles aux exemples de Marot, le plus illustre, Mellin de Saint-Gelais, nom aimable, n’est pas indigné d’une mention dans une histoire de la littérature française. […] L’imitation des littératures étrangères ne réussit à aucune nation. […] Henri Estienne avait une vue plus juste, quand, peu d’années après Du Bellay, il attaquait l’imitation de la littérature italienne. […] Ce sont quelques pages en prose, les premières où la critique littéraire ait été éloquente, qui donnent à ce poëte, appelé par ses contemporains l’Ovide français, une place durable dans l’histoire de notre littérature.

474. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Romans et nouvelles » pp. 3-80

mais, pour moi, les succès de ces livres ne sont que de brillants combats d’avant-garde, et la grande bataille qui décidera de la victoire du réalisme, du naturalisme, de l’étude d’après nature en littérature, ne se livrera pas sur le terrain que les auteurs de ces deux romans ont choisi. […] Le public… trois ou quatre hommes, pas plus, tous les trente ans, lui retournent ses catéchismes du beau, lui changent, du tout au tout, ses goûts de littérature et d’art, et font adorer à la génération qui s’élève ce que la génération précédente réputait exécrable. […] Répétons-le, le jour où n’existera plus chez le lettré l’effort d’écrire, et l’effort d’écrire personnellement, on peut être sûr d’avance que le reportage aura succédé en France à la littérature. […] Je crois aussi qu’il ne faut pas s’attarder dans la littérature d’imagination, au-delà de certaines années, et qu’il est sage de prématurément choisir son heure pour en sortir. Enfin, j’ai besoin de relire nos confessions, notre livre préféré entre tous, un journal de notre double vie, commencé le jour de l’entrée en littérature des deux frères et ayant pour titre : Journal de la vie littéraire (1851-188.), journal qui ne doit paraître que vingt ans après ma mort.

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