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762. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre huitième »

Il est tel chef-d’œuvre que nous pouvons lire tout entier sans être avertis un moment que nous avons un cœur. […] Il l’avait étudiée dans son propre cœur, où ses maîtres de Port-Royal lui avaient appris à lire sans complaisance ; il l’avait reconnue dans la fatalité du théâtre antique. […] Est-ce à dire que les vers, lus après cette étude, perdissent de leur prix ? […] Il avait plus médité ces abstractions qu’il n’avait lu les tragiques grecs ; et comme on ne raffine pas impunément sur des abstractions, ce grand homme s’y égarait. […] Il l’a tirée du fond de ces cœurs que troublent des passions si diverses, et qui sont à la fois les plus agités et les plus exercés à lire en eux-mêmes.

763. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Pensées »

XIII (Après avoir lu les Époques de la Nature de Buffon :) Tout est changement et mobilité : la danseuse Cerrito détrône Taglioni, Verdi fait taire Donizetti ; chacun a le cri à son tour, il grido , comme disait Dante ; c’est ainsi que l’antique Ninive n’est plus que ruine et bas-reliefs indéchiffrables ; c’est ainsi que quand l’amiral Wrangel visite la haute Sibérie, il trouve le silence de la mort dans ces contrées qui furent, selon Buffon, les premières florissantes du globe et le berceau touffu des antiques colosses. […] XVIII Je pense sur la critique deux choses qui semblent contradictoires et qui ne le sont pas : 1° Le critique n’est qu’un homme qui sait lire, et qui apprend à lire aux autres ; 2° La critique, telle que je l’entends et telle que je voudrais la pratiquer, est une invention, une création perpétuelle.

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