Il est vrai qu’il a fait quelques Contes dont les enfans s’amusent, & qu’on peut lire encore dans un âge avancé, pour affoiblir un moment d’ennui ; mais un homme qui fait tomber un aune de boudin par la cheminée, qui occupe le grand Jupiter à attacher ce boudin au nez d’une Héroïne, n’a pas prétendu travailler pour les Gens de goût, encore moins se destiner par-là à figurer parmi les Coopérateurs du grand chef-d’œuvre de l’esprit humain. […] « Si l’on en excepte Perrault, dont le Versificateur Boileau n’étoit pas en état d’apprécier le mérite, & quelques autres, tels que la Motte, Terrasson, Boindin, Fontenelle, sous lesquels la raison & l’esprit philosophique ont fait de si grands progrès, il n’y avoit peut-être pas un homme [dans le Siecle dernier] qui eût écrit une page de l’Encyclopédie qu’on daignât lire aujourd’hui ».
Daru et M. de Talleyrand, reçoit le Moniteur, et y voit une ode A la Grande Armée, signée Lebrun : « Lisez-la, » dit-il à Daru. […] J’ai lu dans le temps son Ode à l’armée ; ce jeune homme a de la verve, mais on dit qu’il s’endort. » Ce mot, cet aiguillon rapporté au poëte, tira de lui, en réponse, des stances émues, pleines de grâce. […] Si liberté n’est pas chimère, Pour vivre libre et lire Homère, Bien portant, que faut-il encor ? […] Et nous lisions Homère ; et, dès la blonde aurore, Je sentais, vers la mer l’œil fixé tout le jour, Pour l’eau bleue et profonde un indicible amour, Et j’écoutais le vent sonore. […] La même dame du palais à qui est adressée la pièce précédente communiqua ces vers à Napoléon ; après les avoir lus, il fit dire à l’auteur qu’il souhaitait qu’ils ne fussent pas imprimés.