lisez la merveilleuse lettre suivante, retrouvée tout récemment dans ses papiers aux archives du vieux palais de Florence. […] « Quant à mon ouvrage du Prince, s’ils prenaient la peine de le lire, ils verraient bien que les quinze années passées par moi au service, au maniement des affaires de la république, je ne les ai employées ni au jeu ni au sommeil. […] Le nom de Machiavel devenu proverbe est une calomnie de l’homme qui a porté ce grand nom : il est plus commode de le nommer que de le lire. […] Aussi, s’il y a plus de plaisir à lire Montesquieu, s’il y a plus d’éblouissement à lire Bossuet, il y a plus de profit politique à lire Machiavel. […] Lisez cette phrase : « Les cruautés, dit-il, sont bien employées (si toutefois le mot bien peut être jamais appliqué à ce qui est mal) quand on les commet d’un seul coup et en masse, etc. » Vous voyez, par la parenthèse, qu’il parlait du succès, et non de l’innocence des cruautés.

Il ne leur lisait point son travail ; il le leur donnait à lire, « la censure des yeux, disait-il, étant plus sensible que celle de l’oreille, à qui il est très aisé d’imposer59. » Si ces personnes avaient des doutes, il condamnait ce qu’elles n’approuvaient pas. […] Il faut lire la lettre où Boileau lui témoigne sa reconnaissance pour avoir défendu l’une de ses satires contre les critiques de Perrault. […] La clarté, l’ordre, un style ferme et animé, feraient lire encore avec fruit le livre de la Fréquente Communion. […] On le lit fort peu, et ceux qui le lisent le lisent tard, par curiosité ou nécessité d’étude plutôt que par goût. […] Tel est le style de Nicole, dans ce petit traité si substantiel, et tel est aussi le style de ses Essais de Morale, qu’on lirait plus s’ils étaient moins longs.