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309. (1863) Cours familier de littérature. XV « XCe entretien. De la littérature de l’âme. Journal intime d’une jeune personne. Mlle de Guérin (3e partie) » pp. 385-448

« Maurice, mon ami, qu’est ce que le ciel, ce lieu des amis ? […] Ce monde n’est qu’un lieu de transition, comme les saints l’ont cru, comme l’âme qui pressent le quelque autre part le croit aussi. […] que cela dépend de toutes choses et porte l’âme affligée loin de cette vie, vers le lieu où n’est pas la mort ! […] Je me le demande en revenant sur les printemps passés, sur les jours et les lieux où cette rose a fleuri ; mais rien ne revient de ces choses perdues. […] J’ai vu peu de lieux aussi distingués, aussi remarquables de nature et d’art.

310. (1841) Matinées littéraires pp. 3-32

Les événements qui se passent sous les yeux d’un poète, la nature des lieux qu’il habite, l’air même qu’il respire, ont une influence directe, une action puissante sur ses idées, sur ses impressions, sur son style, sur son génie enfin. […] Le poète, moins que tout autre, peut se défendre contre l’action qu’exercent sur lui l’aspect des lieux et le spectacle des événements ; car son âme en reçoit une impression plus vive et plus profonde. Comment ses conceptions, ses idées, son style même pourraient-ils ne pas s’en ressentira Les lois, les mœurs, les croyances surtout, ne sont pas moins à étudier que les lieux et les événements, dans l’appréciation du génie d’un poète. […] Il existe chez les hommes, à quelque siècle, à quelque pays qu’ils appartiennent, un sentiment inné du grand et du beau, que la raison développe et murit ; oui le goût existe, indépendant des temps et des lieux, et il est des signes irrécusables auxquels on doit les reconnaître. […] Ainsi, dans l’appréciation des œuvres du génie, nous ne séparerons point l’homme de ses écrits, ni des temps et des lieux où il a vécu.

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