/ 2071
397. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre dixième. »

Je ne sais si c’est la tyrannie ou la liberté qui donna naissance à l’apologue ; je me borne à remarquer qu’on a goûté ce genre dans des pays et dans des temps fort divers, et que de toutes les conventions littéraires qu’on nomme genres, il n’en est aucune dont s’accommode un plus grand nombre d’esprits. […] L’idéal effarouche des esprits jaloux d’une liberté de spéculation illimitée ; ils s’en défient comme d’une règle. […] Il l’entendait non seulement des libertés que celui-ci prend avec la césure en la transportant à tous les pieds du vers, mais de cette diversité des mètres par laquelle le vers s’adapte à toutes les allures de la pensée, et se moule en quelque sorte sur chaque sujet. […] Il l’est par cet esprit sensé qui proportionne ses émotions à leur cause, droit, sincère, aimant la liberté pour soi et pour autrui ; s’arrêtant en beaucoup de choses au doute, à cause de la douceur de cet état ; plus vif que passionné ; hors de toute grimace comme de tout sentiment excessif ; sensible sans transports ; tenant le milieu en tout dans la spéculation et dans la conduite ; un second Montaigne, mais plus doux, plus aimable, plus naïf que le premier. […] La grossièreté des mœurs les excuse d’ailleurs ; la licence n’y était peut-être qu’une honnête liberté.

398. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome III

Mahomet égorgeait au nom de Dieu ; ils massacraient au nom de l’humanité, de la liberté et de la patrie. […] Les dieux sont aussi des tyrans aux yeux de cette espèce de républicains qui font consister la liberté dans l’anarchie. […] Les anciens entendaient par liberté un gouvernement où il n’y avait point de roi. […] Comme si le consulat et la liberté étaient la même chose ! […] Dans leurs idées, des milliers de tyrans n’étaient pas contraires à cette singulière liberté ; un seul chef la détruisait.

/ 2071