Ainsi je renaîtrai avec la pureté de l’enfant qui ne se souvient pas et je dirai : « L’or est une force aveugle, bonne à toutes fins, et je l’ai captée pour un noble usage : je forgerai avec ces chaînes d’or la liberté de mon amie et la paix de notre existence. » Ce voleur est donc un galant homme qui a sa morale personnelle. […] Nous comprendrions un peu de laisser-aller professionnel, une involontaire liberté de langage et d’allures qui feraient un piquant contraste avec la décence un peu prude de cet intérieur familial. […] Et, d’autre part, Catherine a négocié son divorce avec son mari et, ne pouvant décidément vivre sans Lanspessade, l’a fait mettre en liberté et vient lui offrir d’être sa femme. […] Parti en guerre voilà vingt ans, pour la patrie et pour la Révolution, il se trouve aujourd’hui, sans bien savoir comment, maréchal de l’Empire, serviteur d’un despote, — lui, l’ancien volontaire de la liberté, — et sentinelle d’une conquête violente et démesurée. […] Il y a aussi celles qui, physiquement intactes, se sont, moralement, déveloutées ; qui se sont fait des âmes de vieux garçon ; qui affectent d’autant plus de liberté et de hardiesse d’esprit que leur science des choses demeure théorique, et qu’elles savent et ignorent à la fois de quoi elles parlent : créatures hybrides, ni vicieuses ni innocentes, qui trahissent le caractère tout spéculatif de leur philosophie de l’existence par la sécurité même de leur cynisme, et que cette sécurité absout donc en quelque façon, tout en les rendant un peu bizarres et déplaisantes.
À appartenir à une époque de transition il y a donc des avantages, des commodités, des libertés, des chances de gloire, et, ce qui est une perspective plus douce encore, des chances de revanche. […] Au fond, cher ami, la tolérance, ou, ce qui revient au même, la liberté, est fille du scepticisme critique… Le voyez-vous entre les lignes le bon sourire diablement fin du bon Renan, où l’on lisait toujours : « Oh ! […] Il écrit l’histoire de X… comme il écrirait ses propres mémoires accompagnés de ses propres rêves et des histoires qui, étant donné son propre caractère, auraient pu lui arriver à lui-même, le tout à la fois avec liberté et certitude. […] Le romantisme est un appel à la liberté du rêve et une insurrection contre le réel, la « soumission à l’objet » secouée violemment et écartée avec colère. […] Enfin ce goût de quelques romantiques, au nom de la liberté de l’art, pour le mot cru, la peinture brutale, était devenu chez Zola une véritable passion pour l’indécence et pour l’indécence froide et, si je puis dire, de sens rassis.