Je vous affirme que les quelque cent mille francs qu’un ministre de l’Instruction publique y affecterait seraient mieux employés que les trois quarts de ceux que l’on consacre aux lettres. Mais ce ministre-là devrait aussi se cuirasser d’avance contre les épigrammes des badauds et même des gens de lettres, qui n’imagineraient pas comment on peut employer à de pareilles sottises l’argent des contribuables. […] Et, quand l’humanité ne sera plus, Dieu sera, et l’humanité aura contribué à le faire, et dans son vaste sein se retrouvera toute vie, et alors il sera vrai à la lettre que pas un verre d’eau, pas une parole qui auront servi l’œuvre divine du progrès ne seront perdues.
Un traité de géométrie, une lettre d’affaires, un manuel de la parfaite cuisinière n’ont rien à voir d’ordinaire avec la littérature. Et cependant un traité scientifique, une lettre, un manuel de cuisine deviennent littéraires en une certaine mesure, dès qu’y apparaît un souci d’ordre, de clarté, d’élégance, de bien dire. Qui songerait à exclure de la littérature les ouvrages de Buffon, les lettres de Mme de Sévigné, la Physiologie du goût de Brillat-Savarin ?