Au reste, il y aura, selon l’écrivain, selon le sujet, selon le lecteur, mille degrés depuis la simplicité rigoureuse jusqu’à la plus souple complexité. […] Si brève qu’elle soit, elle comporte un certain progrès, et le lecteur doit sentir à chaque minute qu’il fait un pas de plus vers la conclusion. […] Il arrête le lecteur en un endroit, et vingt fois lui met sous les yeux la même idée, diversement drapée et colorée : puis, d’un brusque saut, il se transporte dans une autre, où il nous arrêtera de même. […] Dans ce trajet, la vitesse sera plus lente ou plus accélérée, selon le sujet et selon le lecteur. […] Au-delà, sont deux défauts, deux excès, soit qu’on se hâte trop sans laisser le temps au lecteur de remarquer suffisamment les objets qu’on lui présente, soit qu’on s’attarde à lui montrer ce qu’il a bien vu d’un coup d’œil, à lui détailler ce qui n’en vaut pas la peine, à lui expliquer ce qu’il connaît.
Il n’a pas fait de ses Histoires un champ de réflexions malignes, de satires indécentes, d’anecdotes puétiles ou hasardées ; & le ton d’honnêteté qui y regne les fera toujours goûter des Lecteurs sages, & des Littérateurs judicieux. DESPORTES, [Philippe] Chanoine de la Sainte-Chapelle, Abbé de Tiron, Lecteur du Roi Henri III, né à Chartres en 1546, mort en 1606. […] Ce seroit s’exprimer foiblement, que de dire que les Poésies de Desportes méritent encore quelque estime : un Lecteur attentif y trouvera plusieurs traits à admirer.